Toulouse commémore le 21 septembre les 20 ans de l’explosion de l’usine AZF qui avait fait 30 morts et des milliers de victimes. Cette catastrophe industrielle, la plus importante qu’ait connu la France depuis 1945, a profondément marqué la ville et ses habitants, tout comme les premiers secours à être intervenus sur site. Vingt ans après, des innovations majeures, issues de projets de recherche européens, ont permis de faire évoluer la gestion de ce type de catastrophe. Les équipes de secours ont aujourd’hui de nouvelles armes pour décider et agir de façon éclairée, coordonnée, sûre et efficace.

De nombreux défis se présentent immédiatement après une catastrophe naturelle ou d’origine humaine. Les primo-intervenants doivent prendre des décisions dans l’urgence au milieu d’un environnement vaste, complexe et hostile comprenant de nombreux espaces méconnus et dangereux à explorer. Le manque d’informations fiables et un haut degré d’incertitude quant à la situation, ainsi que la nature et la localisation des victimes et des menaces, constituent souvent de sérieux obstacles à une réponse rapide et efficace.

Crimson en opérations en Centre Opérationnel de Zone

C’est la catastrophe d’AZF qui a motivé, quelques mois après, le lancement d’un premier projet de R&D, CRIMSON, mené par CS GROUP et co-financé par la Commission Européenne convaincue que les nouvelles technologies de la réalité virtuelle pouvaient aider les secours dans la gestion de ce type de catastrophe. Ce projet a permis de créer la plateforme logicielle éponyme dédiée aux services de protection et de secours à qui elle offre des capacités d’hypervision multi-dimensionnelle, sous la forme d’un double numérique 3D de la zone de crise, de l’ensemble des informations connues à propos d’un site de la situation et des opérations en cours pour la protection de l’environnement et des populations, et leur secours. Grâce à son aspect très visuel, Crimson permet de diriger ces opérations de manière collaborative, sûre et performante.

Elle est utilisée aujourd’hui par de nombreux SDIS et montre son efficacité pour la coordination des opérations du quotidien comme lors de crises majeures telles que, très récemment, l’incendie de l’usine Aubert & Duval en Ariège, le méga-feu de Gonfaron à l’échelon zonal dans le Var en 2021 ou encore pour la coordination des opérations de secours lors du séisme du Teil en 2018.

« Le hasard de l’histoire fait que c’est au moment des 20 ans de cette tragédie que Crimson imaginé pour aider les secours suite à l’AZF est adoptée et déployée au SDIS31 par ceux-là même qui ont été les premiers à intervenir sur cette catastrophe. » fait remarquer Olivier Balet, Directeur Technique à l’origine du projet Crimson au sein de la société CS GROUP.

« Crimson a le potentiel de changer la manière dont on gère une catastrophe ou des incidents au quotidien en permettant de partager entre les différents intervenants une vue précise de la situation, en 3D, et de conduire les opérations de manière plus efficace » – Lieutenant-colonel Ghiani – SDIS de Toulouse

A cette première transformation numérique, de nouveaux projets de recherche succèdent et promettent de révolutionner les moyens offerts aux secours pour assurer leurs missions dans les situations les plus périlleuses.

Lancé fin 2020, le nouveau projet Européen de R&D INTREPID explore de nouvelles solutions pour sécuriser l’intervention des primo-intervenants dès leur arrivée sur un site industriel, ou lorsqu’ils pénètrent à l’intérieur d’infrastructure et de bâtiments. Basé sur Crimson, INTREPID développe de nouvelles capacités intégrant des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la réalité virtuelle, les jumeaux numériques, ainsi que des cyber-assistants, micro-drones et robots intelligents de nouvelle génération. L’objectif ? Révolutionner les opérations de sauvetage, notamment à l’intérieur d’infrastructures, et permettre aux premiers secours d’intervenir immédiatement et de détecter victimes et menaces sans avoir à attendre les équipes de reconnaissance spécialisées ou la sécurisation complète de la zone.

La vue holographique de la situation

INTREPID réunit pendant 3 ans un consortium de 17 partenaires issus de 7 pays européens : experts techniques, scientifiques, juridiques, communicants mais aussi primo-intervenants, comme le corps d’élite du Bataillon des Marins Pompiers de Marseille, les Forces Spéciales de la police Belge, les pompiers de Stockholm, la police et les services d’urgence de Madrid, font avancer le projet dans le cadre d’un processus de travail centré utilisateur. Initié et piloté par CS GROUP en partenariat, INTREPID permet également à l’entreprise toulousaine Inconito d’inventer l’expérience utilisateur du Crimson de demain. Les résultats d’INTREPID seront testés lors de trois exercices pilotes en situation réelle. Le premier aura lieu en novembre 2021 et permettra d’en évaluer la performance dans le cadre de la simulation d’une inondation d’une station de métro à Stockholm.  

Interview du lieutenant-colonel Ghiani – 15/09/2021

Le Lieutenant-Colonel Christophe Ghiani, pompier en intervention le jour de l’explosion AZF présente sa vision sur le rôle déterminant des outils d’assistance et de sécurité dans les premiers instants de telles interventions.

Que pensez-vous de l’initiative de la Commission Européenne de financer la recherche et le développement de nouvelles solutions pour les primo-intervenants ? Qu’en attendez-vous ?

Nous savons que la R&D coûte cher. Je pense que l’apport pour la sécurité civile et les secours en général relève tout-à-fait de financements sur des projets structurants que peut fournir l’Europe. Donc, c’est toujours intéressant de bénéficier de fonds européens qui sont effectivement dédiés aux secours et à l’urgence.

Quel progrès représente pour vous une solution innovante comme Crimson, issue justement d’un projet de R&D co-financé par la Commission Européenne et l’industriel CS GROUP basé à Toulouse, dans la gestion des opérations de protection et de secours aux populations ? 

« Crimson a le potentiel de changer la manière dont on gère une catastrophe ou des incidents au quotidien en permettant de partager entre les différents intervenants une vue précise de la situation, en 3D, et de conduire les opérations de manière plus efficace »

Seriez-vous prêt à utiliser davantage de nouvelles technologies, outils numériques dans vos interventions ? intelligence artificielle, assistants robotiques, etc…

J’ai tendance à dire qu’on se doit d’être ouvert à toutes les options donc à ce titre-là l’intelligence artificielle, le Deep Learning, tout cela fait partie des nouvelles technologies. On se doit, si on veut fournir un secours de qualité, notamment dans le cas de catastrophe, d’être à l’écoute et en recherche permanente des nouvelles technologies qui peuvent nous aider. Je pense donc que si demain cette intelligence artificielle peut nous permettre de prendre un coup d’avance et de gagner sur l’anticipation de ce type de situation, ça sera une plus-value non négligeable.

Seriez-vous prêt à faire confiance à une intelligence artificielle ?

Bien sûr ! D’autant plus qu’avant de l’utiliser en intervention, on aura été à même de l’éprouver lors d’exercices et de simulations. À ce titre-là, je pense qu’aujourd’hui il ne nous viendrait pas à l’esprit de mettre en cause des vecteurs de communication éprouvés qu’on utilise maintenant de manière récurrente. Je pense que l’on a besoin de s’acculturer sur ces nouvelles technologies, en démontrer les performances et qu’à ce titre-là, il n’y a pas de raisons de ne pas les utiliser. On est amené tout au long de notre carrière à intégrer dans notre fonctionnement des nouvelles technologies et ça se passe généralement très bien.

Est-ce que vous avez déjà utilisé des robots ou des drones qui scannaient le terrain etc. ?

On utilise des drones maintenant depuis quelques années au sein du SDIS31, mais on ne s’en sert pas encore pour faire de la modélisation 3D en temps réel. On fait du mapping en temps réel. En revanche, actuellement nous sommes à la recherche de solutions innovantes essentiellement pour de la géolocalisation indoor qui va nous permettre de localiser nos équipes dans des décombres, dans des reconnaissances longues et difficiles, et tout ce qui est biométrie médicale de nos porteurs pour avoir un état des lieux de leur état de fatigue, de leur stress, et de leur état de santé général.

 

En savoir plus sur Crimson :

https://www.csgroup.eu/fr/offres-solutions/systemes-de-surveillance-commandement/si-operationnel-de-commandement-de-controle/

En savoir plus sur le projet Intrepid

 

Contacts communication Inconito  : Thiphaine Guyomard – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Contacts communication CS GROUP  : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.